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150 mètres en vécu

outremeuse La compétition débute déjà mal, grosse otite deux jours avant, je dors peu ou quasi pas, j’avais oublié à quel point c’était douloureux ces saloperies… Moi qui suis jamais malade fallait que ça tombe à ce moment-là, bref petit coup de déprime surtout que le docteur me déconseille avec insistance la piscine pendant 8 à 10 jours. Au petit matin la douleur se fait moins présente (merci Dafalgan) juste des petits lancements mais le conduit auditif est toujours très enflé, après quelques instants d’hésitation je décide quand même participer à une des trois épreuves, autrement dit la dynamique avec palme, un choix qui s’avèrera judicieux puisque je termine premier au classement belge et deuxième international avec 150m (6×25m) en apnée. Une énigme persiste, est-ce que mon oreille passera et cela sera-t-il supportable ? Car j’ai l’habitude de racler le fond à quelques centimètres (c’est une astuce qui vous oblige aussi à ne pas plier les genoux), après quelques essais pendant l’échauffement ça passe super bien (merci la BTV) et je retrouve le sourire !

Les groupes se suivent et s’enchaînent toutes les 6 minutes, c’est plutôt rapide et ça ne nous laisse guère beaucoup de temps pour se relaxer, tant pis on se concentre quasi instantanément, on ferme les yeux et on fait le vide complet, tout bruit devient insignifiant, on entend plus que le décompte. A 15 secondes du top officiel on commence à expirer tout son air, à 10 secondes on prend une profonde inspiration suivie de quelques carpes, c’est bon on a fait le plein et on se lance ! Bizarrement on se sent comme poussé des ailes, je pensais que l’aspect stressant d’une compétition avait pour effet de diminuer nos performances, or là c’est l’inverse qui se produit, c’est sans doute grâce à ce que l’on appelle plus communément le « stress utile », le tout agrémenté d’une petite dose d’adrénaline. Bref je suis sur ma lancée et arrive aux 25 mètres, petit demi-tour puis là subitement une idée m’horrifie: « Oups non j’ai touché le bas du mur ! » ; voulant absolument faire un sans-faute je reviens sur mes pa(lme)s et touche le haut, ce qui m’aura quand même fait perdre 3 mètres et une bonne impulsion… Le binôme qui était chargé de ma sécurité avait d’ailleurs cru que je voulais sortir. Virage au 50 tranquille, on approche des 75 mètres, c’est là qu’une personne entraînée commence à ressentir l’envie de respirer mais c’est également hélas là que beaucoup font l’erreur de s’arrêter, il faut passer outre cette barrière physique et surtout psychologique qu’est le mur. Au-delà les spasmes vont en diminuant jusqu’à parfois disparaître, on observe alors une autre sensation qui vous parcourt tout le corps, je ne suis pas diplômé en médecine mais je pense qu’à cet instant-là la rate libère des globules rouges et votre système circulatoire commence à diminuer l’oxygénation des muscles peu indispensables ou non sollicités (par vasoconstriction), c’est pour cela qu’on le ressent surtout au niveau des membres supérieurs et inférieurs. Entre 100 et 125 mètres les sensations restent constantes, à partir de 135 mètres on découvre encore un nouveau stade: « Ben mince alors je n’éprouve plus l’envie de respirer !? », c’est à ce point perturbant qu’on ne sait pas si on reprendra le réflexe respiratoire en sortant. Dernière hésitation: virage ou pas virage, est-ce mieux un 150 mètres en poche ou pousser avec le risque d’une disqualification pour black out à ma première compétition et surtout à la seule épreuve à laquelle je participe ? Et là je repense à ce que disait un ami: « il vaut mieux un 150 mètres tu l’as, qu’un 175 mètres tu couleras ». D’autant que je n’ai jamais fait de syncope de toute ma vie, comment déceler alors ces signes annonciateurs ? Bref je décide de m’arrêter, ça sera plus sage de tester cela lors des entraînements, de toute façon je suis déjà très content !

Je tiens à remercier tous les organisateurs pour cette super compétition, qui ne se déroule pas du tout dans esprit élitiste comme dans d’autres sports mais qui au contraire encourage le soutien mutuel et l’esprit de groupe. Tout cela est de très bon augure, le prochain rendez-vous est donné pour mars ! :)

Par turlututu | 28 oct 2009 | Compétition | Imprimer | Partager