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BTV: comment ouvrir les trompes d’Eustache

btv Bien qu’elle s’en rapproche, je ne sais pas si on peut parler vraiment de Béance Tubulaire Volontaire car le rare document que j’ai lu à ce sujet parle, quant à lui, de mouvements de la mâchoire ou de la langue. Or la technique dont je vous parle se focalise sur le côté « volontaire » en actionnant sciemment les muscles responsables de l’ouverture des trompes d’Eustache.

Cet article s’adresse surtout aux apnéistes confirmés, il n’est d’aucun intérêt pour un débutant qui doit d’abord perfectionner son palmage, ses canards, les méthodes intermédiaires de compensation, etc… La BTV est la technique de compensation la plus dure à maîtriser: très peu de gens en sont capables et même parmi ceux-ci rares sont ceux qui savent l’utiliser à bon escient, pour des raisons morphologiques (conduit trop étroit, déformation anglulaire,…) certains ne pourront hélas jamais l’exploiter.

Mais ne vous découragez pas si vite, tout d’abord il est indispensable de prendre « conscience » de la possibilité de contrôler l’ouverture des trompes, quelques exemples:

- Mâchoire fermée, imaginez que vous pliez vos oreilles en 2, ou encore que vous les étirez
- Ouvrez brusquement la mâchoire plusieurs fois

Normalement vous devriez entendre un cliquetis significatif au niveau de l’oreille moyenne, ça marche ? Si oui, c’est gagné à moitié ! Si ce n’est pas le cas, faites n’importe quel exercice jusqu’à entendre ce bruit, par exemple changez la position de votre langue, baillez, etc…

Voici trois exercices à utiliser graduellement en fonction de votre progression:
1. Entraînez-vous chaque jour à provoquer ce cliquetis sans faire de mouvement de mâchoire, simplement par la conscience en faisant des séries d’un cliquetis toutes les secondes pendant une minute.
2. La seconde étape vise à ouvrir les trompes le plus longtemps possible, pour vous en assurer insufflez de l’air en émettant le son « ô », si cela fonctionne vous devriez entendre un bourdonnement assourdissant, si cela n’opère que d’un côté, faites alors de grands mouvements avec la machoîre inférieure de haut en bas jusqu’à la déboucher.
3. Un troisième entraînement consiste à différencier le côté gauche du droit car nous avons souvent une oreille plus faible que l’autre (souvent la droite), il est donc important de travailler d’avantage le côté faible pour un rééquilibre. Pour ce faire insufflez de l’air (sans son) en penchant progressivement la tête sur votre épaule gauche, ici vous favorisez l’entrée d’air par le côté droit, cet exercice vous aidera à différencier les deux côtés et par la suite vous devriez être capable de le faire sans pencher la tête.

Idéalement, testez cela en piscine (descente horizontale progressive) pour vérifier que cela fonctionne. Le fait de d’immerger vos oreilles a tendance à diminuer son efficacité, c’est normal au début, mais plus vous musclerez cette partie insoupçonnée de votre corps, moins les facteurs externes comme le froid auront une incidence.

En eau vive ou en fosse, je vous conseille de tester cela le long d’un filin que vous descendrez à la force des bras, vous pouvez éventuellement vous aidez d’un Valsalva juste après le canard. Ensuite tous les 1 à 2 mètres vous ouvrerez les trompes, en principe la légère sous-pression de l’oreille aura un effet ventouse qui aspirera l’air nécessaire à la compensation, n’attendez pas d’avoir mal car cela risque de bloquer le mécanisme. Si cela ne marche vraiment pas, tentez de descendre en position assise. Plus tard, quand vous maitriserez parfaitement cette technique, il vous sera loisible de les ouvrir en continu tout au long de la descente.

Concrètement quels sont les avantages de cette technique ?
- Vous aurez les mains libres
- Cela est moins traumatisant pour les oreilles
- Vous descendrez plus vite car plus hydrodynamique

Quelques astuces pour éviter d’avoir les oreilles bouchées :
- Bouchez-vous le nez et insufflez de l’air au niveau des joues (effet hamster ;) ) puis créer brusquement un vide, répétez ce cycle rapidement en inclinant la tête tantôt à gauche, tantôt à droite. Le passage répété de l’air en surpression/sous-pression va avoir pour effet de dégager les trompes.
- Méthode barbare: faites des remontées rapides (mais contrôlées!) entre -15 et -10m, ce qui expulsera les sécrétions vers l’extérieur des trompes.
- J’ai remarqué que le fait d’utiliser un bonnet de piscine évitait la succion au niveau de la cagoule, en hiver cela diminue aussi ce qu’on appelle la barre des sinus.

Par turlututu | 08 fév 2012 | Technique | Imprimer | Partager